Aller au contenu

 

Portrait

S'impliquer avant de critiquer

11 juin 2009

Josée Beaudoin

Selon Simon Lévesque, pour avoir le droit de critiquer, il faut d'abord s'impliquer. De son propre aveu, le doctorant en microbiologie «critique et chiale beaucoup». Alors conséquemment, il s'implique partout depuis le début de ses études aux cycles supérieurs, en 2002, à la Faculté de médecine et des sciences de la santé. Lorsqu'il affirme qu'il n'a jamais souhaité être à l'avant-plan, on voudrait bien le croire sur parole. Mais force est d'admettre que ses engagements multiples le contredisent un brin!

Des facteurs génétiques et géographiques

Dès sa 2e année de primaire, à la question «Que veux-tu faire quand tu seras grand?», Simon Lévesque répondait : «chercheur». Au secondaire, dès qu'il y avait un comité qui se formait ou une cause à défendre, il rappliquait en courant.

Alors que son intérêt pour la science et son sens de l'engagement ne datent pas d'hier, son côté rassembleur, quant à lui, s'explique par une combinaison de facteurs génétiques et géographiques; il est né à Sainte-Anne-des-Monts, un village de la Gaspésie où les liens sont tricotés serrés et où la parenté n'a pas besoin de s'annoncer avant de débarquer. Aussi, bien qu'il apprécie beaucoup la nature accessible et les belles montagnes de l'Estrie, celui qui fréquente l'Université de Sherbrooke depuis 10 ans ressent fréquemment l'appel du fleuve. «Le lac des Nations, ce n'est pas assez grand pour moi», dit-il en riant.

S'il se nourrit des grands espaces, Simon Lévesque se passionne tout autant pour l'infiniment petit propre à la microbiologie. Dès lors qu'il a mis les pieds dans le laboratoire de la professeure Sophie Michaud, chercheuse et infectiologue au CHUS, il a su que l'univers de la recherche était fait pour lui, particulièrement dans le secteur de la santé publique.

Ainsi, au terme de son baccalauréat en biologie, il a enchaîné avec la maîtrise en microbiologie puis avec ce doctorat qu'il compte terminer en décembre, si tout se passe bien. Études postdoctorales ou marché du travail? Son cœur balance encore pour la suite, mais il ne trouvera personne pour s'inquiéter de son avenir.

Le projet Campylogis

Le projet de recherche extrêmement stimulant pour lequel le doctorant s'investit depuis 2005 s'appelle Campylogis et il est dirigé par la professeure Michaud. L'objectif de ce projet consiste à développer un système de surveillance de l'infection à Campylobacter, une cause importante de diarrhée dans la population et l'une des maladies infectieuses à déclaration obligatoire les plus fréquentes en Estrie et au Québec. Chaque année, on rapporte près de 3000 personnes malades dans la province. Et comment attrape-t-on l'infection? Le Campylobacter se trouve dans les selles d'une grande variété de mammifères et d'oiseaux. On peut l'attraper lors de la consommation d'aliments ou de boissons contaminés, en particulier la volaille et l'eau non traitée.

La particularité de Campylogis réside dans la création d'un système d'information géographique qui rassemble des données environnementales et sanitaires pour évaluer le risque d'attraper l'infection à Campylobacter selon la qualité de l'eau et l'utilisation des sols. «En plus d'analyser des bactéries provenant des selles de patients infectés en Estrie, on a fait une vaste campagne d'échantillonnage dans l'eau, explique le doctorant. On avait 32 stations d'échantillonnage partout en Estrie, dans les rivières et les ruisseaux. Je suis allé dans les fermes pour récolter du Campylobacter de bovin, on a acheté du poulet en épicerie, on a récolté du Campylobacter d'oiseaux sauvages et de goélands.»

Quand on se retrouve dans un dépotoir pour trouver ce que l'on cherche, on peut véritablement parler d'une recherche terrain. Au terme de la cueillette, au-delà de 1500 bactéries ont été amassées. Avec les analyses ADN qui permettent de déterminer la provenance des souches de Campylobacter et les cartes géographiques qui rassemblent des données environnementales, on peut tenter d'établir des relations entre le Campylobacter retrouvé chez les malades et celui retrouvé dans les poulets achetés à l'épicerie, dans l'eau des rivières, dans les puits domestiques, dans les selles d'animaux, etc.

Les bénéfices de Campylogis sont nombreux, notamment sur un plan préventif. «Si par exemple on voit qu'après un certain nombre de millimètres de pluie par heure, il y a des risques importants d'avoir du Campylobacter dans l'eau, on peut lancer des avis d'ébullition dans certains secteurs», explique le doctorant.

Des idées qui font leur chemin

Même si le doctorant analyse le Campylobacter le jour et qu'il en rêve la nuit, il trouve toujours du temps pour s'investir dans sa faculté et partager ses idées. Dès 2002, Simon Lévesque s'est joint au Regroupement des étudiants chercheurs en médecine de l'Université de Sherbrooke à titre de vice-président aux affaires internes. L'année suivante, il est devenu président du Regroupement et il a mené sa destinée durant quatre ans, créant des liens avec les représentants de la Faculté, de l'Université et de plusieurs organismes du milieu sherbrookois.

Au nombre de ses grandes fiertés, il y a la mise sur pied, avec son équipe, des 5 à 7 info-carrière. Deux fois par session, dans une ambiance conviviale et souvent autour d'une bonne pizza, un invité vient partager son cheminement professionnel avec les étudiantes et étudiants et leur fait découvrir ainsi de nouvelles avenues.

En plus de contribuer à pimenter la vie étudiante, le président du Regroupement des étudiants chercheurs en médecine a ardemment défendu certains dossiers. «Je constatais beaucoup d'inégalité au niveau des bourses salariales accordées aux étudiants, dit-il. J'ai collaboré avec l'équipe du vice-doyen pour la réforme des règlements de la Faculté et j'ai réussi à faire inclure un soutien financier minimum. Une différence de 5000 $ sur un salaire de 50 000 $, ça ne paraît pas beaucoup, mais quand tu passes de 12 000 à 17 000 $ et que c'est ta seule source de revenus, ça paraît.»

En 2004, le doctorant a été désigné pour représenter les étudiantes et étudiants au comité directeur qui devait élaborer le plan de planification stratégique 2005-2009 de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. Au sein de ce comité, il a beaucoup milité pour mettre en lumière les préoccupations, les besoins et les attentes des étudiantes et étudiants des cycles supérieurs pour qu'ils soient davantage reconnus dans leur milieu et pour qu'ils développent un plus grand sentiment d'appartenance envers leur faculté.

Son apport s'est notamment traduit par l'organisation d'activités conjointes pour rapprocher les différentes associations étudiantes et par le soutien financier qu'apporte désormais la Faculté au Regroupement des étudiants chercheurs en médecine.

Rassurez-vous…

Que ceux qui craignent que le doctorant impliqué n'ait pas de moments de loisirs se rassurent… Simon Lévesque prend des cours de danse latine, il est membre d'une chorale, il chasse, il pêche et il est responsable de la ligue du CHUS de ultimate frisbee, sport auquel il s'adonne lui-même plus d'une fois par semaine avec le plus grand des plaisirs.

Puisque le ultimate frisbee se pratique sans arbitre et que chaque joueur doit appeler ses fautes, personne ne peut chialer et chacun doit s'impliquer. C'est donc tout indiqué pour lui.